maandag 4 juli 2011

Angelo Scola, le successeur dont rêve le pape

Dans l'ordre normal des choses, les vaticanistes fourbissent leurs listes de papabili lorsque le pape a éternué à la messe ou qu'il a glissé dans sa baignoire... Par une superbe ironie, c'est un Benoît XVI en pleine forme qui a appuyé sur la gachette des spéculations à propos du prochain conclave. Son coup ? Une nomination très symbolique. Depuis deux ans que le cardinal Dionigi Tettamanzi avait dépassé la limite d'âge sur le siège de de Milan, on se demandait qui serait choisi pour lui succéder.

Milan est d'autant plus emblématique que deux de ses archevêques sont devenus papes au XXe siècle: Paul VI et Pie XI. Le suspense a pris fin le 28 juin, lorsque Benoît XVI a nommé le cardinal Angelo Scola. En tant que patriarche de Venise, il était déjà sur un trône qui a porté trois papes contemporains (Pie X, Jean XXIII, Jean-Paul Ier). Si Benoit XVI a voulu le transférer à Milan, c'est pour enfoncer le clou de sa "papabilité".

Loi de continuité depuis Jean XXIII
Angelo Scola, qui aura 70 ans en novembre, était déjà un sérieux papabile en 2005. Il l'est plus que jamais : la loi de continuité que l'on observe depuis Jean XXIII, selon laquelle un pape est choisi en raison de sa proximité avec son prédécesseur, jouerait à plein. Celle du prélat italien avec le pontife bavarois est évidente. Très jeune, Scola a fait partie du vivier intellectuel de la revue Communio, étant lié avec les théologiens Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar. Exactement comme Ratzinger. Celui-ci apprécie aussi les hommes qui, comme lui, ont souffert pour leurs idées. Parce qu'il était membre du mouvement italien Communion et Libération, Scola, originaire de la capitale lombarde, a été renvoyé du séminaire milanais par l'archevêque de l'époque, qui se défiait des apôtres de Don Giussani. En le réinstallant au bercail, Benoît XVI offre à son ami une sainte revanche.

Issu, comme Ratzinger, d'un milieu très simple, Scola a mené une brillante carrière théologique qui l'a mené de l'université de Fribourg à celle du Latran, dont il devient recteur en 1995 après une expérience d'évêque de terrain, en Toscane.

Un Italien pour réformer la curie ?
L'homme peut aussi bien être classé à "droite" sur les questions de famille et de bioéthique, qu'à "gauche" en raison de sa passion pour la doctrine sociale de l’Église et la défense des pauvres. Visionnaire, il a créé une revue de réflexion islamo-chrétienne, Oasis. Scola prône une loyale et sportive compétition spirituelle entre christianisme et islam, à mille lieues de la logique de l'affrontement communautariste ou de l'islamophobie de certains lobbies catholiques, et plaide pour une société métissée.

Sur la liste des papabili, Angelo Scola n'est pourtant pas le seul "ratzingerien d'ouverture" susceptible de monter sur le trône de Pierre. Il faut ici mentionner Mauro Piacenza, 66 ans, l'actuel préfet de la congrégation pour le clergé. Et surtout le Canadien Marc Ouellet, 67 ans, l'ex-archevêque de Québec devenu préfet de la congrégation pour les évêques.

L'urgence d'une modernisation des méthodes de travail du Vatican ferait pencher pour une solution italienne en cas de conclave. Seul un Italien serait en effet en mesure de réformer la curie, paralysée par les arcanes de la culture méditerranéenne. Une montagne que deux valeureux ouvriers, polonais et allemand, ont renoncé à déplacer.