Lors de l’angélus du vendredi 6 janvier, place Saint-Pierre à Rome, le pape a annoncé la création de 22 nouveaux cardinaux lors d’un consistoire, le 18 février prochain. Le nouveau collège des cardinaux, marqué par une forte présence italienne, comptera 214 cardinaux, originaires de 70 pays, dont 125 électeurs originaires de 51 pays. Ce consistoire, qui se déroulera le 18 février, sera le quatrième de Benoît XVI. Il marquera un seuil important du pontificat, puisque, désormais, la majorité des 125 cardinaux électeurs, qui éliront son successeur, auront été nommés par le pape allemand.
Le collège des cardinaux comptait, ce vendredi 6 janvier au matin, 192 cardinaux, dont 108 électeurs. Lors du consistoire du 19 février, il comptera 214 cardinaux, originaires de 70 pays (dont 125 électeurs). Les précédents consistoires (24 mars 2006, 24 novembre 2007, 20 novembre 2010) avaient vu Benoît XVI créer 62 cardinaux, dont 57 sont encore vivants à ce jour. Parmi ces 62 prélats, 50 étaient électeurs,
âgés de moins de 80 ans, et 46 le sont toujours.
Ces consistoires avaient tous obéi à la règle voulue par Paul VI dans son Motu Prorio Ingravescentem Aetatem , fixant le nombre d’électeurs (c’est-à-dire âgés de moins de 80 ans) à 120. Par ailleurs, deux règles non écrites avaient été respectées : pas de barrette pour les titulaires de sièges résidentiels dont le prédécesseur, à la retraite, n’a pas atteint 80 ans, ni pour ceux dont le prédécesseur est en fonction à la Curie. Cette quatrième promotion de cardinaux n’a pas dérogé à la règle. De nombreux archevêques résidentiels (Los Angeles, Philadelphie, Westminster, Bruxelles, Séville, Rio, Salvador de Bahia, Bogota, Quito, Djakarta, Tolède, Turin…) devront attendre un futur consistoire pour prétendre à la pourpre cardinalice.
«Vague italienne»
La majorité des électeurs reste très européenne (67) et surtout italienne (30). L’Amérique du Nord compte 15 électeurs, dont 12 Américains et trois Canadiens. Les Latino-Américains sont 22, dont six Brésiliens, quatre Mexicains et deux Argentins. Les Africains sont onze, dont deux Nigérians. Neuf cardinaux sont asiatiques, dont quatre Indiens. Et l’Océanie compte un cardinal, australien.
Lors de ce consistoire, Benoît XVI a donné la priorité aux responsables de la Curie, promus quasi automatiquement au cardinalat. Ce qui explique la « vague italienne » de ce consistoire. La plupart des bénéficiaires sont, par ailleurs, réputés proche du cardinal Tarcisio Bertone,Secrétaire d’État. On notera l’absence de Mgr Rino Fisichella, président du nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation,
pourtant à la manœuvre cette année avec l’année de la foi et le synode des évêques sur la nouvelle évangélisation.
Un « Sénat » européen pour une Église du Sud
Au total, il faut relever deux paradoxes. Alors que l’Église devient, par l’évolution démographique de ses baptisés, une Église du Sud, son «Sénat », en particulier si l’on prend en compte les électeurs qui choisiront le successeur de Benoît XVI, reste fortement marqué par une présence occidentale et européenne. L’hyper-présence italienne conditionnera également le futur conclave.
Par ailleurs, alors que l’âge moyen du baptisé catholique, et aussi du clergé, dans le monde ne cesse de rajeunir, le collège des cardinaux reste composé d’hommes âgés, certes expérimentés, mais parfois éloignés des évolutions culturelles et technologiques actuelles.
(Source: La Croix, 6 janvier 2012)